Covid : retarder même d’un mois le traitement d’un cancer accroît le risque de mortalité

Retarder le traitement d’un cancer même d’un mois entraîne un impact significatif sur le risque de mortalité des patients, montre une étude publiée mercredi, qui renforce les conclusions d’autres recherches alertant sur l’effet délétère de la pandémie de Covid-19 pour les autres maladies.

Un article des Echos du 5 novembre 2020. Source : AFP.

Les conséquences étaient pressenties, elles sont désormais démontrées : retarder le traitement d’un cancer entraîne bien une hausse du risque de mortalité. A cause de la pandémie de Covid-19, de nombreux patients n’ont pas pu suivre leur traitement, les hôpitaux étant surchargés. Résultat : même un retard d’un mois seulement a un effet significatif sur leur potentielle guérison, démontre une étude publiée dans le « British Medical Journal ». Des chercheurs britanniques et canadiens ont ainsi analysé les conséquences de retards de traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie…) pour sept types de cancers, à partir de 34 études publiées au cours des vingt dernières années.

Hors pandémie, « les retards de traitement sont l’exception mais peuvent malgré tout toucher 10 % à 15 % des patients », selon l’oncologue Ajay Aggarwal, l’un des auteurs de l’étude. Et un mois de délai peut entraîner 6 % à 13 % de risque en plus de mourir pour le patient.

Et plus le retard est long, plus ce risque augmente. Décaler de 12 semaines l’opération de toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein nécessitant une chirurgie se traduirait ainsi par 6.100 décès supplémentaires en une année aux Etats-Unis, et 1.400 au Royaume-Uni.

Une invitation à « la réflexion »

Des conclusions qui « invitent à la réflexion », jugent les auteurs de l’article, alors que de nombreux hôpitaux ont dû reprogrammer les opérations considérées comme « non urgentes » afin d’augmenter le nombre de lits et de soignants disponibles pour les patients atteints de Covid-19. « Certains pays ont publié des recommandations sur la priorisation des chirurgies des cancers, que les résultats de cette étude ne semblent pas valider », expliquent les chercheurs.

Au Royaume-Uni, par exemple, il a été considéré qu’on pouvait retarder de 10 à 12 semaines certains traitements, tels que les chirurgies colorectales, sans impact négatif sur le pronostic pour le patient. Or, « nous avons trouvé que faire passer le délai d’attente pour ce type d’opération à 12 semaines au lieu de 6 augmentait le risque de mortalité de 9 % », soulignent les scientifiques.

Globalement, un retard de quatre semaines pour une chirurgie augmente la mortalité de 6 % à 8 %, et le risque d’un tel délai monte à 9 % pour une radiothérapie d’un cancer de la tête et du cou. Il monte même jusqu’à 13 % dans certaines situations, comme lors de traitements adjuvants (qui complètent le traitement principal pour prévenir un risque de récidive) des cancers colorectaux. Si ce retard passe à huit ou douze semaines, pour une chirurgie du cancer du sein, le risque de mortalité croît de 17 % et 26 % respectivement.

Une étude parue en juillet dans « The Lancet Oncology » avait estimé que les retards de diagnostic au Royaume-Uni depuis la mi-mars se traduiraient par environ 3.500 décès supplémentaires pour quatre types de cancers dans les cinq ans. Un article publié en août dans « JAMA Network Open » avait, lui, montré que le nombre de cancers diagnostiqués chaque semaine aux Etats-Unis avait chuté de près de 50 % en mars et avril.

Retrouver la totalité de l’article ici : https://www-lesechos-fr.cdn.ampproject.org/c/s/www.lesechos.fr/amp/1262309

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