Nous reprenons ici un article des Docteurs Squara et Prasquier paru sur leur blog le 17 mai 2020. Une contribution intéressante au débat actuel. Cet article n’est pas écrit par un Consultant Boisanger Santé, il n’engage que leurs auteurs.
La vraie réforme du système de santé en 10 points ou le décalogue.
Les dix mesures suivantes amélioreraient la performance du système de santé, sans alourdir son coût pour la collectivité si elles sont prises comme un tout :
1) Augmenter de 10% tous les salaires hospitaliers, en priorité absolue celui des infirmières et des aides-soignantes, pour les porter à la moyenne européenne, SANS créer de nouveaux postes dans les hôpitaux mais en redistribuant les ressources vers les services où l’activité le justifie.
2) Réaffirmer le caractère indispensable de la tarification à la pathologie (T2A), qui constitue l’outil de mesure nécessaire, mais réévaluer certains actes, notamment intellectuels médicaux, qu’elle considère insuffisamment. Tenir compte également des hétérogénéités locales.
3) Renoncer aux tentations protectionnistes des hôpitaux publics : rendre au Samu, aux pompiers et à tous les médecins des hôpitaux publics ou privés leur indépendance professionnelle et le choix de leur réseau en fonction du seul intérêt du patient.
4) Renforcer la possibilité de prendre en charge l’activité d’urgence par la médecine de ville, afin de désengorger les urgences hospitalières, en augmentant à leur juste valeur les suppléments d’honoraires prévus à cet effet,, incluant la télémédecine. Puis, établir dans les services d’urgences hospitaliers publics ou privés, une file préférentielle pour les patients qui sont adressés par un médecin (hors urgence vitale évidemment).
5) Regrouper, privatiser ou fermer les services hospitaliers (publics et privés), dont l’activité ou les conditions de sécurité sont insuffisantes, sans les renflouer systématiquement (en s’assurant bien évidemment d’une accessibilité aux soins égale pour tous) et cela jusqu’à rééquilibrer le ratio public/privé.
6) Développer, notamment au sein des CHU, des pôles soin-recherche-industrie pouvant associer des structures publiques et privées, de manière à décloisonner les obstacles à l’innovation et à les rendre plus compétitifs.
7) Ouvrir de manière transparente à toutes les structures de santé, publiques ou privées, qui sont prêtes à s’engager par contrat, les missions d’intérêt général et d’aides à la contractualisation (MIGACs).
8) Réduire les lourdeurs administratives , obstacles à l’efficacité, décentraliser et régionaliser les fonctions opérationnelles. Faire en sorte que celui qui instruit, celui qui décide et celui qui contrôle, exercent dans la même structure et en dernier recours, sans doublon, le ministère ne conservant que le pouvoir de décider d’une politique générale, de nommer et de démettre. Par ailleurs, décloisonner les formations pour ouvrir la gestion de la santé à d’autres cultures.
9) Faire la chasse aux procédures qui, à la recherche vaine de risque zéro, entrainent une surcharge déraisonnable (temps et argent). Notamment réformer la HAS pour que chacune de ses recommandations fasse l’objet d’une étude d’impact économique, à commencer par son existence même, ainsi que celle de toutes les structures administratives de la santé.
10) Faire une place, aussi limitée soit-elle, à une concurrence public-public (plusieurs caisses) et public-privé dans la couverture de l’assurance maladie La meilleure agilité du système, la rigueur de gestion et l’adaptation aux réalités locales qui seraient stimulées pas cette pluralité d’offre, sont les meilleurs garants de la pérennité des principes essentiels de notre couverture maladie, à savoir son caractère universel et sa quasi-gratuité,
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